Cours:5-GI-KNM-S1/2025-26/BMC
De GBLL, TAL, ALAO, etc.
Membres du groupe
- Ahmed Ben Salha
- Adrien Colombet
- Antoine Blangy
- Kouceïla Abdellaoui
- Ismaël Bouhafs
Travail 1 : Audit de stratégie de KNM au sein d'une entreprise
Présentation de l'entreprise
Entreprise ciblée
Bibliothèque Marie Curie, INSA Lyon
Général
Domaine d’activité : Enseignement supérieur — Services documentaires et support à la recherche.
Activités / services proposés
- Accès et prêt de ressources documentaires (livres, revues, thèses, etc.)
- Espaces de travail individuels et collectifs
- Accompagnement à la recherche documentaire et à la publication scientifique
- Formations à la recherche d'information et aux outils bibliographiques
- Accès aux ressources électroniques (bases de données, archives ouvertes)
- Accueil et orientation des publics
- Organisation d'expositions et événements culturels
Type d’entreprise (forme juridique)
Service administratif interne à un EPSCP (Établissement Public à Caractère Scientifique, Culturel et Professionnel, ici l'INSA Lyon)
Fiche d’identité
- Nom : Bibliothèque Marie Curie — INSA Lyon
- Code APE / NAF : 85.42Z — Enseignement supérieur
- Adresse : Bât. Marie Curie, 20 avenue Albert Einstein, 69621 Villeurbanne Cedex, France
- Téléphone : 04 72 43 61 87
- Email : doc@insa-lyon.fr
- Site internet : https://bibliotheque.insa-lyon.fr
Organisation
La bibliothèque est rattachée à la Direction de la Recherche et de la Documentation de l’INSA Lyon.
- Équipe d’environ 15 agents
- 7 Pôles principaux :
- Direction
- Services aux publics
- Compétences informationnelles
- Médiation scientifique et culturelle
- Service aux chercheurs
- Collections
- Informatique documentaire et communication
Enjeux et Stratégie
Enjeux :
- Répondre aux besoins variés des étudiants et chercheurs
- Renforcer l’offre numérique et l’accès distant
- Suivre l’évolution des pratiques documentaires (open access, outils collaboratifs)
- Maintenir l’attractivité de la bibliothèque sur le campus
Stratégies :
- Diversification des canaux de communication et de formation
- Coopération avec départements et laboratoires
Histoire
- Ouverture au public : 2009
- Type de bibliothèque : Bibliothèque de grande école ou institut
- Site web : Bibliothèque Marie Curie
- Surface de plancher : 5213 m²
- Architecte : Atelier d'architecture Michel Rémon
- Prix obtenu : lauréate du Trophée de l’accessibilité 2012
- Type de programme : CPER 2007-2013
Depuis 2020 : Démarche de modernisation de l'accès à l'information via le numérique.
Finance
Service public financé par le budget global de l’INSA Lyon. Pas de chiffre d’affaires commercial.
Concurrence & Coopérations
Plutôt que de la concurrence, démarche de coopération avec les utres bibliothèques universitaires lyonnaises (Programme Prêts entre Bibliothèques). Accès libre en ligne pour tous (Google Scholar, ResearchGate, panorama des ressources)
Parties prenantes
Public ciblé : Étudiants, doctorants, enseignants-chercheurs, personnel administratif.
Clients : Étudiants, chercheurs, départements pédagogiques et laboratoires, institutions culturelles.
Partenariats :
- Université de Lyon
- Consortium Couperin
Liens avec d’autres associations
- Collaboration avec associations étudiantes et institutions pour expositions ou événements culturels
- Participation à des réseaux documentaires académiques nationaux (SUDOC, ABES, Couperin)
Méthodologie
Étude des connaissances de base en Knowledge Management
L'équipe a pu acquérir des notions de base en Knowledge Management via le cours pour pouvoir identifier les points clés sur ce secteur dans une organisation - découverte de la pyramide DIKW. Cela nous a permis de comprendre les enjeux principaux de la discipline: transformer les données en décisions stratégiques.
- Mémoire organisationnelle: préserver les savoirs
- Efficacité opérationnelle: rendre l’information accessible
- Collaboration: partage efficace entre les équipes
- Identifier les défauts pour améliorer
Recherche de la structure idéale pour l’étude
Idées de structures :
- Mairie de Lyon : situation complexe, contacts compliqués pour une étude
- Cabinet d'expertise comptable : structure petite, peu mature, peu de matière
- BMC : facilité de contact, sources d'informations diverses, structure rattachée à une autre (INSA Lyon)
Prise de contact
- Démarchage par e-mail de salariés de la BMC. Prise de contact avec la responsable service au public et médiation scientifique et culturelle, Guillemette Trognot.
- Redirection vers notre contact, la responsable du pôle compétences informationnelles: pôle choisi par le groupe car le plus adapté.
Identifier le pôle adapté :
- Pôle compétences informationnelles : gestion de la partie formation documentaire de la BMC pour les étudiants et en lien avec les autres universités de la ComUE Lyon/Saint-Étienne.
- Lien direct avec un nombre important de données, utiles pour la formation des étudiants au fil des années. Besoin important d’accessibilité en interne, et avec les acteurs extérieurs.
Préparation de l’entretien
- Rédaction d’un questionnaire adapté à notre étude
- Proposition de questions réparties par grand thème
L’ objectif est d’avoir des questions de référence pour guider l’entretien et pour s’assurer d’avoir les données nécessaires pour notre audit.
Réalisation de l’entretien
- Entretien d’une durée totale 1h15
- Format discussion avec les questions préparées utilisées comme support afin de ne pas oublier de traiter un sujet
- Chaque membre a fait sa propre prise de note personnelle et chacun intervenait à sa guise
- Mise en commun des notes et synthèse sur un document partagé en respectant les thèmes déterminés en préparation, puis report sur le wiki
Analyse de la structure KM
Grâce au compte rendu de l'entretien, nous avons pu identifier le fonctionnement de la BMC en Knowledge Management.
L'analyse se découpe en trois parties:
- Organisation générale: à l’origine de la création d’information
- Système d’information et outils numériques
- Autres outils de communication
Conclusion globale et limites
- Synthèse de notre compréhension de la gestion de la connaissance au sein de la BMC
- Identification des réussites actuelles
- Identification des premières limites / axes d’amélioration.
Entretien à la BMC
Présentation du contact
- NOM : CHATAIGNON
- Prénom : Evelyne
- Poste : Responsable Pôle Compétences Informationnelles
- Ancienneté dans l'entreprise : 30 ans
- Formation : Études de biologie (BAC+2) puis d'informatique (BAC+5)
- Expérience : Responsable transformation digitale (INSA Lyon) puis Responsable Pôle Compétences Informationnelles BMC (INSA Lyon)
- Contacts : Membres de la BMC, enseignants, étudiants
- Intérêts : Elle souhaitait initialement devenir professeur de SVT. Mais dans les années 90, il n'y avait pas de besoin en professeurs de SVT mais beaucoup en professeurs de mathématiques. N'aimant pas les mathématiques, elle a préféré s'orienter sur une formation en outils informatiques très valorisée avec l'arrivée des ordinateurs et d'internet. Cela lui a permit d'accompagner la transition digitale de l'INSA aux premières heures d'internet puis de devenir responsable du pôle compétences informationnelles afin de retrouver le contact avec les étudiants qu'elle cherchait à l'origine.
Préparation et Questions
Points à garder en tête durant l’interview
Le modèle DIKW (Data → Information → Knowledge → Wisdom) Compréhension des enjeux du KM naissant de la pyramide DIKW :
- Data : chiffres bruts (ex. indicateurs de performance du service)
- Information : données organisées et contextualisées
- Knowledge : apprentissage issu de l’expérience collective
- Wisdom : prise de décision éclairée (niveau stratégique)
Planning - Planification des connaissances
- Quelles sont les connaissances essentielles au bon fonctionnement de la bibliothèque ?
- Existe-t-il des manques ou des savoirs critiques non documentés ?
- Comment identifiez-vous les besoins en nouvelles connaissances ou compétences ?
Identification
- Où se trouvent les connaissances clés de la bibliothèque (documents, personnes, outils, procédures) ?
- Comment les collaborateurs savent-ils où trouver l’information dont ils ont besoin ?
- Quelles sont les principales sources d’information interne ?
- Ces sources sont-elles facilement accessibles et à jour ?
Génération - Création des connaissances
- Comment les connaissances sont-elles produites ou mises à jour au sein de la bibliothèque ?
- Les échanges entre collègues permettent-ils de générer de nouvelles idées ou bonnes pratiques ?
- Existe-t-il des moments formalisés d’échanges (réunions, formations, bilans d’activité) et de formalisation/centralisation ?
- Comment les retours d’expérience (positifs ou négatifs) sont-ils partagés et exploités ?
Development - Développement et enrichissement
- Comment la bibliothèque développe-t-elle ses connaissances (formations, veille, benchmarking, innovation) ?
- Les compétences individuelles sont-elles entretenues et valorisées ?
- Avez-vous accès à des formations internes ou externes ?
- Comment les nouveaux savoirs sont-ils intégrés dans les pratiques quotidiennes ?
Dissémination - Diffusion et partage
- Comment les connaissances sont-elles partagées entre les membres de l’équipe ?
- Quels outils ou supports utilisez-vous pour diffuser l’information (Teams, intranet, drive, réunions) ?
- Comment s’effectue le transfert des connaissances lors d’un départ ou d’une arrivée ? Notamment dans un contexte de turnover important du personnel saisonnier/ étudiant ?
- Les usagers (étudiants, enseignants) participent-ils au partage d’informations ou de retours ?
Application - Mise en pratique
- Comment les connaissances acquises sont-elles appliquées dans les processus quotidiens ?
- Avez-vous des exemples où une bonne capitalisation du savoir a permis d’améliorer un service ou un projet ?
- Existe-t-il des procédures ou guides utilisés comme référence pour vos activités ?
- Comment les connaissances influencent-elles vos décisions ou l’organisation du travail ?
Conservation - Sauvegarde et capitalisation
- Comment les documents et savoirs sont-ils stockés et mis à jour ?
- Existe-t-il une base documentaire ou un système de classement commun ?
- Comment assurez-vous la continuité du savoir lors de départs ou de changements d’équipe ?
- Les informations sont-elles sauvegardées et accessibles à tous les membres concernés ?
Assessment - Évaluation du KM
- Comment évaluez-vous l’efficacité de votre gestion des connaissances actuelle ?
- Quels freins ou difficultés rencontrez-vous dans le partage ou la conservation du savoir ?
- Quels seraient, selon vous, les principaux leviers d’amélioration ?
Culture et innovation (questions "transversales")
- Comment décririez-vous la culture du partage de la connaissance à la BMC ?
- Le transfert et la valorisation des connaissances sont-ils encouragés par la direction ?
- Existe-t-il une reconnaissance formelle des savoirs ou expertises internes ?
- À quel niveau d’importance placez-vous la gestion des connaissances dans le fonctionnement global de la bibliothèque ? → Note entre 1 et 10.
Compte Rendu de l'interview
Analyse de la structure KM de la BMC (Suite à l’interview)
Organisation générale de la BMC
- Réunions et coordination
- Des réunions d’équipe ont lieu toutes les deux semaines (lundi matin) :
- Partage d’actualités et d’informations entre pôles
- Gestion du personnel et organisation interne
- Échange sur les sujets en cours
- Les comptes rendus de réunions suivent un modèle prédéfini : ils sont préparés à l’avance, puis relus et validés collectivement avant diffusion.
- Ces CR sont ensuite mis à disposition sur GoFAST afin d’assurer la traçabilité et la capitalisation des informations.
- Des réunions d’équipe ont lieu toutes les deux semaines (lundi matin) :
Système d’information et outils numériques
- Outil principal : GoFAST
- GoFAST constitue la colonne vertébrale du système de gestion des connaissances de la BMC.
- C’est un outil GED (Gestion Électronique des Documents) permettant :
- Le partage de documents en interne et entre pôles,
- La gestion des accès selon les rôles et la confidentialité,
- L’archivage des documents officiels,
- La traçabilité et le versionnage (gestion de l’historique des modifications).
- Déploiement et adoption
- L’outil a été déployé par l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR).
- L’INSA Lyon a été bêta-testeur du dispositif il y a 4 ans, la BMC servant de site pilote (“crash-test”).
- L’outil a ensuite été généralisé à l’ensemble des départements de l’INSA deux ans plus tard.
- Malgré tout, certains personnels résistent encore à l’adoption complète de l’outil, par habitude du travail local.
- Organisation interne sur GoFAST
- Chaque pôle dispose de son propre espace structuré et centralise ses ressources documentaires sur la plateforme.
- La gestion des accès est différenciée :
- Accès restreint pour les documents confidentiels,
- Accès élargi pour les documents généraux.
- Une arborescence normalisée et un protocole de nommage ont été établis pour harmoniser les pratiques.
- Une charte GoFAST et un mode d’emploi établis par la BMC, la direction de l’INSA et les référentes GoFAST détaillent les conventions de nommage, formats de fichiers, et principes de structuration.
- Cependant, ces règles ne sont pas toujours rigoureusement respectées, notamment au niveau de la direction.
- Rôle des référents GoFAST
- Chaque entité de l’INSA Lyon compte un ou plusieurs référents GoFAST (2 à 3 pour l’ensemble de la BMC).
- Leurs missions sont :
- D’assister aux réunions GoFAST et aux montées de version
- De nettoyer régulièrement la base documentaire
- S’assurer du respect des bonnes pratiques (noms, arborescence, versionnage)
- Former et accompagner les agents.
- Ces référents effectuent des mises à jour générales avant chaque rentrée et veillent à l’application du protocole INSA.
- Le but est de régulièrement “nettoyer” l’environnement GoFAST (ex : doublons, mauvais nommage des fichiers, mauvais versionnage, sauvegardes, etc.)
- Processus de validation documentaire
- Dépôt du document (souvent en mode caché)
- Relecture collective par l’équipe concernée
- Validation puis publication officielle sur GoFAST.
- Ce système de workflow garantit la fiabilité et la cohérence des documents partagés.
- Gestion et maintenance
- En cas de problème technique, les équipes effectuent des sauvegardes sur plusieurs emplacements, magrès qu’il s’agisse en réalité d’une mauvaise pratique.
- Le super-administrateur est à la DSI.
- Un turnover important complique parfois la gestion des droits d’accès :
- Environ 1/3 des utilisateurs a été renouvelé l’an dernier.
- Certains espaces ont été bloqués suite au départ de personnes disposant de droits étendus.
- Perception et limites
- GoFAST est perçu comme un outil imposé, plus qu’un choix réel collectif.
- Certains agents jugent qu’il complique le travail quotidien plus qu’il ne le facilite.
- Problèmes récurrents :
- Documents écrasés ou mauvaises versions publiées
- Conflits entre travail local et travail collaboratif en ligne
- Lenteurs ou bugs de la plateforme
- Difficulté d’accès en cas de départ d’un agent
- Ménage insuffisant dans certains espaces, notamment au niveau de la direction
- Malgré ces difficultés, l’outil est aujourd’hui largement intégré : il est ouvert en permanence sur le poste de travail de chaque membre du personnel BMC.
Autres outils numériques et de communication
- Outils et usages
| Outil | Usage principal | Remarques |
|---|---|---|
| Zoom | Réunions entre écoles du groupe INSA | Qualité supérieure à la visioconférence GoFAST, recommandé mais peu apprecié |
| SharePoint | Échanges avec la communauté universitaire Lyon - Saint-Étienne | Souvent victime de problèmes de phishing |
| Intradoc / Intranet interne | Dépôt de procédures et documents internes (notamment pour les vacataires) | Accessibles à tout le personnel de la BMC, pas forcément les CDI. En revanche, c'est le seul outil accessible au personnel et aux vacataires étudiants (au nombre de 15) |
| Moodle | Partage avec les étudiants et équipes enseignantes | Interfacé avec GoFAST via un système d’alias, assurant la mise à jour automatique des documents |
| Affluences | Gestion des réservations de salles | Lié à l’intranet |
| Inoreader | Outil de veille thématique (ex. de veille importante actuelle avec l’Intelligence Artificielle Générative) | Très utilisé pour être notifié sur un sujet. |
- Communication interne et externe
- Les réunions en présentiel restent le principal mode d’échange.
- En cas de distance, les visio-conférences se font via Zoom ou via l’outil intégré à GoFAST (peu apprécié).
- Les échanges de mails demeurent très fréquents, notamment pour la communication hors INSA (partenaires, universités associées), dans lesquels il est parfois possible de retrouver des pièces jointes.
Formation, accompagnement et transmission des connaissances
- Formation à GoFAST
- Une formation obligatoire à GoFAST est dispensée à chaque nouvel arrivant.
- Elle est assurée via le pôle APP (Accompagnement des Parcours Professionels, qui sert la formation continue du personnel), en lien avec les référents GoFAST.
- L’accompagnement comprend :
- L’initiation à GoFAST et à l’arborescence documentaire
- Présentation des procédures internes
- Formation institutionnelle
- Un pôle formation dédié au niveau INSA assure la coordination des modules de formation et la montée en compétences du personnel.
- Des procédures et logigrammes sont disponibles sur l’intranet (Intradoc) pour aider les agents à résoudre seuls les problèmes mineurs.
- Transmission et capitalisation
- Connaissances explicites : stockées et structurées via GoFAST, Moodle, Intradoc.
- Connaissances tacites : transmises par la formation humaine, le système de binôme (notamment lors de l'arrivée d'un nouveau membre du personnel) et les réunions.
- Exemples : formation en binôme pour l’enseignement des compétences informationnelles, ateliers ludiques, jeux de rôles qui sont dispénsés à des étudiants. Cette approche favorise la pédagogie participative et la gamification de la transmission de savoirs.
Synthèse générale
- Le système de gestion de la connaissance de la Bibliothèque Marie Curie repose sur une infrastructure numérique intégrée autour de GoFAST, soutenue par une organisation en pôles clairement identifiés et une dynamique de formation continue.
- Bien que l’outil principal (GoFAST) ait d’abord été perçu comme une contrainte, son adoption progressive a permis une forte réduction des pertes d’information et une meilleure cohérence documentaire.
- Les principaux défis à relever concernent désormais :
- La gestion du turnover et les droits d’accès
- La discipline documentaire (respect du nommage et du versionnage)
- Et la motivation des utilisateurs à exploiter pleinement les outils collaboratifs.
Travail 2A : Analyse d'un article scientifique
Analyse de l'article
Infos de publication (nom de la revue, date, auteurs)
- Nom de la revue/conférence : CHI 2012, Session: Better Together
- Date : Conférence ayant lieu du 5 au 10 mai 2012
- Auteurs : Sebastian Draxler, Gunnar Stevens, Martin Stein, Alexander Boden (University of Siegen) et David Randall (Manchester Metropolitan University)
Sujet de l’article
L'article aborde la problématique de la surcharge cognitive et du travail d'organisation engendrés par la recherche, l'installation et la configuration de plug-ins dans des applications logicielles flexibles, en prenant l'IDE Eclipse comme cas d'étude. L'étude empirique dans de petites entreprises révèle que l'appropriation de ces outils est une activité hautement coopérative, située et socialement intégrée entre pairs. Les auteurs proposent des principes de conception pour un support à l'appropriation ancré dans ces pratiques sociales. L'objectif est de combler le fossé et de surmonter la fragmentation du support actuel pour l'appropriation. Enfin, ils présentent un prototype (plug-in Eclipse) qui synthétise le partage d'outils (fichiers) et le partage de connaissances (expertise), comblant ainsi un manque des solutions existantes
Confirmation des critères d’éligibilité
L'étude a été menée dans le contexte d'étude de l'IDE Eclipse, un environnement de développement populaire et flexible, largement utilisé par les développeurs de logiciels. De plus, le sujet est hautement pertinent pour le KM (donc éligibilité vis à vis du cours), se concentrant sur le transfert de connaissances informelles (expertise métier, bonnes pratiques) et le soutien à l'apprentissage en milieu de travail (workplace learning) dans un contexte technique (logiciel flexible Eclipse). Le problème adressé est l'échec des systèmes existants à gérer l'aspect social et situé de l'appropriation technologique.
Type d’étude et niveau de preuve associé
Il s’agit d’une étude basée sur une approche de “Design Research” (Recherche par la Conception) combinant des études ethnographiques des pratiques de travail avec la conception participative. Ce cadre de travail est aligné sur le concept de Co-réalisation et de partage des connaissances (démarche KM). L'alignement avec une démarche de Knowledge Management est intrinsèque car cette approche permet de sensibiliser et d'inspirer la conception (prospective) en se basant sur une compréhension approfondie des pratiques de travail existantes et informelles. Rétrospectivement, l'analyse vise à clarifier les leçons générales apprises, transformant le processus de réalisation avant implicite) en connaissances explicites pour un usage futur. Le processus de travail est itératif et participatif, structuré en trois cycles :
- Concept Design
- Interaction design
- Field trials
Dans le domaine cible de l’étude (l'HCI (Human-Computer Interaction) et le CSCW (Computer-Supported Cooperative Work) ), cette méthodologie offre une compréhension approfondie des pratiques, l’objectif étant de développer une vision holistique des enjeux traités (partage de connaissances, recherche et paramètrage des plug-ins, etc.). Le niveau de preuve est considéré comme pertinent pour la pertinence des principes de conception et la compréhension du phénomène social d’appropriation.
Hypothèses des auteurs
L'approche est fondée sur l'idée que l'appropriation doit être en réalité comprise comme un concept holistique et un processus coopératif entremêlé. L'hypothèse principale est que les systèmes de support existants échouent car ils ne gèrent que des aspects fragmentés (partage de fichiers ou gestion de connaissances) et négligent le lien étroit entre le partage physique des outils et l'activité sociale et située de partage de l'expertise. Ils partent du postulat qu'un support intégrant la sensibilisation, la simplification de la recherche d'expertise locale et l'installation entre pairs réduira la surcharge et soutiendra mieux le contexte social de l’activité.
Détails de la méthode de l’étude
Cycle 1 (Concept Design) : Étude des pratiques d'appropriation d'Eclipse dans 5 organisations (3 PME, 1 grande entreprise et 1 institut de recherche). L'observation participative a été menée pendant plus de deux semaines dans 2 PME. Des entretiens ont été réalisés avec au moins 3 développeurs dans chaque organisation, complétés par une enquête en ligne auprès de 138 personnes et l'analyse de 76 installations Eclipse. Un premier concept a été évalué auprès de 8 développeurs à l'institut de recherche en utilisant l'approche du "Magicien d'Oz". L'approche du Magicien d'Oz est une technique d'évaluation et de prototypage rapide utilisée en Interaction Homme-Machine (IHM) et en recherche. Elle consiste à faire croire à l'utilisateur qu'il interagit avec un système entièrement fonctionnel, alors qu'en réalité, une personne (donc le "Magicien") simule manuellement ou exécute les réponses du système en coulisse, sans que l'utilisateur n'en soit conscient. L’avantage est qu’elle permet d'évaluer la désirabilité, l'utilisabilité et la faisabilité d'un concept de système complexe (en particulier ceux basés sur l'IA de nos jours) avant d'investir massivement dans son développement technique. Dans notre cas pour évaluer la fonctionnalité de parcourir les installations des collègues, les auteurs ont manuellement collecté les informations sur tous les plug-ins installés de l'équipe. Le "Magicien" (ici les chercheurs) a ensuite utilisé ces données pour dériver manuellement des suggestions d'outils intéressants pour les membres de l'équipe. L'évaluation portait alors sur la valeur des suggestions. Cette méthode a permis de tester la pertinence du concept social (parcourir l'installation des pairs comme source d'information) sans avoir besoin d'un prototype peer-to-peer fonctionnel et stable dès le départ.
Cycle 2 (Interaction Design) : Un atelier de conception participative de 3 heures a été mené avec 6 étudiants et utilisateurs d'Eclipse. La démonstration a aussi été présentée à 7 utilisateurs d'Eclipse de 2 PME et de l'institut de recherche. Des entretiens de suivi, y compris la “technique de l'échelle” (Laddering technique dans l’article), ont été menés pour comprendre les perceptions des utilisateurs. L'utilisabilité de la nouvelle interface a été évaluée par 5 participants à travers des tâches d’explorations et de résolutions de situation (chercher un certain plug-in, le configurer, etc.). Dans le cadre de notre parcours en Génie Industriel, un moyen simple de comprendre cette technique du “laddering interview” est de la voir comme un 5 Pourquoi dans le cadre de la résolution de problème.
Cycle 3 (Essais sur le terrain) : Un prototype entièrement fonctionnel et stable a été développé. Il est actuellement évalué dans un essai à long terme à l'institut de recherche, où 8 utilisateurs l'ont intégré à leur environnement de travail quotidien.
Contexte (lieu, mono ou multicentrique)
Multicentrique : L'étude de terrain a été menée dans 5 organisations différentes (3 PME, 1 grande entreprise et 1 institut de recherche).
Participants (nombre, caractéristiques...)
- 5 organisations étudiées dans le Cycle 1.
- 138 participants à l'enquête en ligne.
- Au moins 3 développeurs interviewés par organisation.
- Cette évaluation du concept initial d'appropriation collaborative a été menée dans le cadre du premier cycle de conception. Elle a impliqué une petite équipe de 8 développeurs au sein de l'institut de recherche, lesquels étaient localisés au même étage. La méthode utilisée était une approche de type Magicien d'Oz. Les chercheurs ont collecté manuellement les informations concernant les installations Eclipse de chaque membre de l'équipe. Sur la base des plug-ins installés, ils ont ensuite dérivé des suggestions d'outils considérés comme pertinents pour ces participants. Les développeurs ont évalué la valeur de ces suggestions, et cette étape a été suivie d'entretiens visant à identifier les fonctionnalités d'appropriation collaborative qui pourraient être intégrées dans Eclipse.
- Le deuxième cycle de conception s'est concentré sur l'amélioration de l'interaction avec le prototype démonstrateur. Ce travail a débuté par un atelier de Conception Participative de trois heures réunissant 6 étudiants qui utilisaient Eclipse de manière régulière. Par la suite, les chercheurs ont présenté le démonstrateur à 7 utilisateurs d'Eclipse. Ces 7 utilisateurs provenaient de deux des petites et moyennes entreprises (PME) et de l'institut de recherche impliqués dans la phase d'étude initiale. L'évaluation a d'abord consisté en la présentation de captures d'écran de l'interface utilisateur aux praticiens , puis les participants ont pu explorer le démonstrateur par eux-mêmes. Ces tests utilisateurs ont été suivis d'entretiens basés sur la technique de l'Échelle (Laddering technique) pour recueillir leurs perceptions, les points à améliorer, les aspects motivationnels et les scénarios d’utilisation.
La technique de l’échelle : L'entretien se déroule en demandant à l'utilisateur d'expliquer pourquoi ou en quoi un attribut (une fonctionnalité du plug in à mettre en place) est important, afin de monter progressivement dans les niveaux de motivation. L'utilisabilité de la nouvelle interface a également été réévaluée plus tard par 5 des participants précédents lors d'entretiens de suivi, incluant des tâches d'exploration ouvertes et des tâches de résolution de problèmes.
- Huit utilisateurs ont été impliqués dans cette phase. Ces utilisateurs étaient tous situés à l'institut de recherche. Ils ont intégré le prototype entièrement fonctionnel (le plug-in d'appropriation collaborative pour Eclipse) dans leurs environnements de travail quotidiens. Le but de cette phase était d'utiliser leurs retours pour améliorer continuellement le prototype, s'inscrivant dans une démarche d'essai à long terme ("tested in the wild'").
- Les participants sont des développeurs de logiciels utilisant l'IDE Eclipse.
Intervention (type, dose, durée, fréquence...) et comparateur
- Intervention : Prototype d'appropriation Collaborative (Plug-in Eclipse). Implémenté comme une solution pair-à-pair légère utilisant l'architecture JXTA. Il s'inspire de l'expérience de partage d'iTunes et de la collaboration informelle type “regard au-dessus de l’épaule” omniprésent dans le quotidien au bureau.
- Comparateur : Le prototype a été développé pour pallier les lacunes des solutions existantes, qui servaient de comparateur implicite à l'efficacité du nouveau système. Les auteurs comparent leur approche aux solutions suivantes qui offrent un support fragmenté :
- Le Partage de Fichiers Généraliste : Solutions comme Napster ou Dropbox qui se concentrent uniquement sur le "quoi, avec qui et comment du partage" et ne prennent pas en charge l'apprentissage informel et la contextualisation sociale (donc l’appropriation).
- Plateformes de Distribution de Masse : places de marché comme Apple App Store ou Eclipse Marketplace. Ces plateformes offrent des notes et des commentaires, mais ils sont pratiquement anonymes, ce qui n'inspire pas la même confiance que les recommandations d'un collègue. Ces recommandations anonymes ont également moins de poids car elles sont souvent décontextualisées et non situées .
- Mécanismes Déconnectés du Travail : L'envoi de personnalisations par e-mail ou l'utilisation de systèmes de fichiers partagés (référentiels locaux). Ces méthodes sont détachées du travail ordinaire et introduisent une surcharge et des manipulations chronophage (souvent à non valeur-ajoutée, perte de temps) pour la collecte et l'administration des fichiers pertinents.
Critères de jugement
- Efficacité : Réduction de la surcharge en temps, efficacité de l’installation entre pairs
- Sécurité : Prévention des pannes d’installation
- Perception utilisateurs : Jugements qualitatifs sur l'enthousiasme, la distraction, et l’interaction entre pairs
Résultats
- Points positifs
- Les participants étaient particulièrement enthousiastes à l'idée de pouvoir parcourir les installations de leurs collègues et d'être informés des activités de personnalisation des autres.
- Le système a agi pour réduire considérablement les frais en termes de temps. L'installation par les pairs a été jugée plus efficace et préférée à la solution maladroite et sujette aux erreurs de la copie manuelle de fichiers.
- Enfin, les utilisateurs n'ont pas ressenti de distraction causée par les fonctionnalités d'appropriation supplémentaires.
- Limites
- Néanmoins, l'implémentation du sous-réseau est apparue trop mécaniste et manque de flexibilité. Cela pose problème pour les changements dans la composition des équipes, l'implication de membres externes (comme des consultants), ou le partage occasionnel avec des personnes extérieures (amis, collègues universitaires).
- Points positifs
Perspectives de travail (avancées par les auteurs)
Pour surmonter les limitations identifiées lors des premières évaluations, les auteurs prévoient de concentrer leurs efforts futurs sur plusieurs axes d'amélioration du prototype et de la recherche.
Premièrement, ils ont l'intention d'adopter une approche de type "Eclipse plug-in spy" afin de résoudre le problème de l'identification d’une fonctionnalité : il s’agit de savoir quel plug in est responsable de quelle fonctionnalité.
L'utilisateur clique sur n'importe quel élément de l'interface Eclipse (un bouton, une entrée de menu, une vue spécifique, etc.) et une fenêtre d'information apparaît, révélant le nom exact du plug-in, la version, et parfois la classe de code source qui a contribué à cet élément d’interface.
Deuxièmement, compte tenu de la nature des problèmes d'appropriation qui surviennent souvent de manière rare et inconsciente , il est crucial de mener d'autres évaluations , en particulier des essais sur le terrain à long terme , pour étudier l'utilisation réelle du prototype dans la pratique et itérer la conception en conséquence. Enfin, il est prévu de faire évoluer la conception du prototype afin d'améliorer la flexibilité du sous-réseau (pour mieux gérer les changements d'équipe et l'implication de membres externes) et d'intégrer le partage des paramètres de configuration, une fonctionnalité très souhaitée par les utilisateurs d’Eclipse.
Divers (référence à d’autres études, comparaison avec d’autres auteurs, éléments de discussion pertinents...)
- Le travail des auteurs s'inscrit dans la tradition marxiste de l'appropriation, comprise comme un processus social d'incorporation d'objets (ici, les outils logiciels) dans la vie professionnelle, ce qui inclut les changements dans les modes d'utilisation.
- Le système s'inspire du modèle de partage d'iTunes pour l'intégration d'une fonctionnalité P2P dans l'environnement de travail.
- Leurs observations soulignent que l'appropriation est une activité hautement sociale, située et intégrée dans des situations de travail spécifiques, et qu'elle est réalisée principalement entre pairs ou collègues. Cette approche est en accord avec les travaux existants sur l'apprentissage informel, notamment les concepts de la participation périphérique légitime (Lave et Wenger), de l'apprentissage par-dessus l'épaule (Twidale) et de l'interaction entre pairs (Murphy-Hill et Murphy).
Biais et critères d'évaluation
Les différents types de biais
- Biais de Performance: l’étude traite le sujet de l’appropriation de logiciels avec notamment le partage de configurations et de connaissances. Cependant, elle propose des principes de design pour une appropriation collaborative des plugins limités au logiciel Eclipse. Les principes ne sont pas forcément valables pour l’appropriation de tous types d’outils. L’appropriation est limitée à un contexte très spécifique. D’autres intérêts possibles ne sont pas évoqués.
- Biais de mesure: il n’ y a pas de résultats exacts fournis , l'auteur dit que les résultats sont “globalement positifs” par exemple. Certaines conclusions sont tirées de témoignages uniquement. Ils ne sont pas forcément représentatifs de l’avis de l’ensemble des utilisateurs. Beaucoup d’arguments d’autorité: “We argue that an information …”.
- Biais d’attrition: mention de cycles itératifs mais non mention du nombre d’itérations. Données manquantes : L'article mentionne 138 participants au sondage mais seulement 76 installations analysées. Que sont devenus les 62 autres ? Pourquoi n'ont-ils pas envoyé leurs installations ? Suivi limité : Au Cycle 3, seulement 8 utilisateurs testent le prototype. Pas d'information sur d'éventuels abandons. Nous n’avons pas connaissance du pays dans lequel les sondages sont réalisés: présence de biais possibles en fonction des cultures de chacun. Les résultats chiffrés des sondages ne sont pas présentés mais des conclusions qualitatives uniquement sont proposées.
- Biais lié aux conflits d’intérêts: l’étude et le prototype, malgré les limitations, sont plutôt présentés sous un œil innovatif . On dirait qu’ils vendent le prototype qu’ils ont auto-évalué. Cela peut donc impliquer une sorte de biais de confirmation et un conflit d'intérêt par rapport à la solution qu'ils ont eux même développé.
- Biais de sélection: les participants sont volontaires : Les développeurs ayant participé étaient probablement plus intéressés par Eclipse et les outils collaboratifs, créant un biais de sélection positif. Cela est aussi lié au désavantage du sondage. Les échantillons ne sont peut être pas représentatifs, car on ne précise pas de différentes catégories d’utilisateurs.
- Biais de publication: résultats positifs : l'article présente principalement des résultats positifs ("Users were generally positive and were particularly enthusiastic"). Les aspects négatifs ou les échecs du prototype sont peu développés (surtout dans la partie évaluation de l'article). Prototype universitaire : L'étude évalue un prototype développé par les auteurs eux-mêmes, créant un potentiel biais favorable (retour du conflit d'intérêt). Évaluation incomplète : "Right now it is too early for a summative evaluation" Les auteurs admettent que l'évaluation n'est pas complète, mais publient quand même. Les vrais conclusions pourront être données dans un intervalle de temps plus long mais les auteurs affirment des résultats positifs dans l’article.
- Biais méthodologiques: Échantillons très petits : 6 étudiants pour le workshop, 7 utilisateurs pour les tests, 8 utilisateurs pour le déploiement final, soit facteurs de tailles d'échantillon insuffisantes pour des conclusions robustes. Pas de groupe de contrôle : Aucune comparaison avec un groupe utilisant les méthodes traditionnelles sans le prototype.
- Biais de langage / citation: certains témoignages sont utilisés et sont à l’origine de conclusions, ils ne sont pas confrontés à des avis opposés et ne donnent pas un aperçu représentatif du réel avis des utilisateurs. Ces citations sont pour la plupart issues de traductions, un biais peut donc se retrouver dans la traduction qui est faite de leur paroles.
- Autres biais: subjectivité des interviews : Les données qualitatives des interviews dépendent de la perception et de la mémoire des participants. Technique du Wizard of Oz : Dans le Cycle 1, les suggestions ont été créées manuellement, ce qui peut avoir influencé artificiellement la perception positive du système.
Conclusion Niveau de preuve de l’article : Étude exploratoire/qualitative avec prototype - utile pour générer des hypothèses mais nécessite validation par des études plus larges et contrôlées. Il s'agit d'un Niveau 3 : cas - témoins, soit un faible niveau de preuve scientifique.
Évaluation de l'article
Afin d’évaluer l’article, on s’est appuyé sur les 3 grilles de Greenhalgh, Maisonneuve et Landrivon. Ces grilles permettent d’évaluer systématiquement la qualité, la rigueur et la fiabilité d’un article scientifique en examinant ses objectifs, sa méthode, ses résultats et ses biais. Elles servent à objectiver le jugement critique, tout en révélant les limites ou incohérences d’une étude avant d’en accepter les conclusions.
Les points communs entre les différentes grilles d’évaluation
Malgré leurs approches différentes, les grilles de Greenhalgh, Maisonneuve et Landrivon convergent sur plusieurs éléments.
D'abord, l’article est intéressant mais reste exploratoire. En effet, les trois grilles reconnaissent que l’étude apporte un éclairage pertinent sur l’appropriation sociale des outils flexibles, mais ne constitue pas une preuve scientifique solide.
De plus les biais méthodologiques limitent la portée des conclusions. En se basant sur les grilles, les trois approches soulignent systématiquement :
- la petite taille des échantillons
- l’absence de groupe contrôle
- l’auto-évaluation du prototype
- le recours important aux témoignages
- la présentation principalement positive des résultats
Ainsi, une conclusion commune s'élève : le niveau de preuve est faible.
Pour continuer, l'applicabilité est limitée. Les trois méthodes d'évaluations notent que le contexte très spécifique (développeurs Eclipse dans quelques organisations) limite la généralisation des résultats. Ainsi, on ne remet pas en cause le fait que l'article est très pertinent à l'échelle locale, mais faible transférabilité.
Les divergences entre les grilles
La grille de Greenhalgh :
Greenhalgh met particulièrement en avant l’absence de contrôle expérimental. Elle souligne que, même si l’étude est pertinente, elle ne permet pas de valider l’efficacité du prototype, faute de comparaison structurée et de mesures objectivables. Cette grille insiste donc sur le fait que l’article ne peut pas déboucher sur une conclusion généralisable.
La grille de Maisonneuve :
Maisonneuve se concentre davantage sur la qualité de la présentation scientifique. Elle souligne que l’article est clair et cohérent dans sa structure, mais que les résultats sont insuffisamment développés et que les auteurs minimisent leurs limites. Contrairement à Greenhalgh, elle critique moins le manque de contrôle que la façon dont l’étude est argumentée et présentée.
La grille de Landrivon :
Landrivon met surtout en valeur la richesse descriptive de l’étude. Elle considère que la compréhension des pratiques d’appropriation est particulièrement réussie. Ce qu’elle reproche spécifiquement, ce n’est pas l’absence de données chiffrées, mais l’absence d’une analyse qualitative pleinement structurée, notamment en ce qui concerne le codage et la saturation des données.
Conclusion
Chaque grille met ainsi en lumière un angle différent de l’article : Greenhalgh pointe l’absence de validation expérimentale, Maisonneuve la faiblesse de l’argumentation et du développement des résultats, et Landrivon l’insuffisance de la structuration de l’analyse qualitative. Cela montre que l’évaluation dépend fortement de la grille utilisée, qui oriente la lecture de l’étude et accentue certains aspects plutôt que d’autres.

